Le marché de l’agroéquipement a tenu bon face à la crise sanitaire, grâce à un premier trimestre positif. La filière s’est rapidement adaptée aux enjeux et contraintes sanitaires au point d’entamer une transformation profonde.
Une année contrastée
Alors que l’AXEMA annonçait cet été un recul de 10 à 20% de l’activité, le marché de l’agroéquipement a globalement stagné en 2020 porté par le premier semestre. Selon une enquête du Sedima (Syndicat national des concessionnaires agricoles) menée auprès de ses adhérents, les commandes de matériels neufs ont légèrement progressé au premier semestre (+3%) avant de reculer au deuxième de près de 5%. Bien que ces chiffres soient à prendre avec prudence (l’échantillon interrogé étant restreint), des tendances s’en dégagent. Les immatriculations de tracteurs standards ont ainsi baissé de 8% en 2020 sur la période janvier-novembre atteignant près de 20 000 unités. Pour cause, les exploitants se sont globalement reportés sur le matériel d’occasion, les ventes de pièces détachées et les prestations en atelier pour compenser le non-investissement dans du matériel neuf. Préparation face à l’incertitude ou effets conjoncturels de la baisse d’activité ? L’effet est en tout cas immédiat.
L’enquête montre des disparités selon les secteurs. Le segment Grande culture a vu ses investissements grimper de 5% lors du premier semestre avant de se replier aussitôt au second (-8%) touché par une baisse générale des rendements en 2020, à l’exception de la pomme de terre (Agreste). Le segment polyculture-élevage s’est lui stabilisé sur l’année (+1% au S1, -1% au S2). C’est plus difficile en revanche pour les espaces verts qui sont directement impactés par la fermeture des magasins.
En raison d’une maigre récolte en 2019 et de l’imposition de droits de douanes additionnels par les Etats-Unis qui se prolonge en ce début d’année, le secteur vitivinicole ne parvient pas à relever la tête.
Activités des concessions agricoles au 2nd semestre 2020, en comparaison de la même période en 2019. (Source : Sedima)
Activités des concessions agricoles au 2nd semestre 2020, en comparaison de la même période en 2019. (Source : Sedima)
Cap vers les nouvelles technologies ?
Malgré ce bilan mitigé, le monde de l’agroéquipement a montré qu’il était capable de s’adapter face à l’imprévu. La crise a permis le développement de nouvelles pratiques rendues possibles par le digital, à l’image du « Click&Collect » qui s’est déployé massivement. Les constructeurs CLAAS et KUBOTA ont à cet effet lancé leurs services de « Click&Collect », avec pour le premier, l’ouverture d’une boutique en ligne où l’utilisateur est directement relié à sa concession. CLAAS sort renforcé de cette crise en maintenant sa 4ème position au palmarès des parts de marché tracteurs en 2020 et en franchissant pour la première fois la barre des 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Son nouveau technopole inauguré, le groupe investit massivement dans les technologies de pointe liées à l’agriculture de précision à l’instar de son système CEMOS lancé cette année.
L’engouement des constructeurs pour l’agriculture de précision s’accentue alors que l’adoption de ces nouvelles techniques par les exploitants reste encore disparate, voire marginale pour certaines. Le plan de relance du gouvernement s’ajoutant au « Green Deal » européen vise justement à promouvoir ces investissements et faire passer un cap à l’industrie. Cependant, au vu de la confiance dégradée des professionnels de l’industrie et des prévisions du Sedima qui maintient une baisse de 5% des investissements dans le matériel neuf, leurs effets restent encore incertains.
Cette crise accélère ainsi les deux tendances majeures du secteur que sont le virage écologique et la digitalisation. Elles seront les deux catalyseurs d’un secteur qui ne devrait pas se redresser avant 2022 selon le SEDIMA.
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