En dépit d’un contexte difficile, avec la poursuite de la crise sanitaire et une forte hausse du coût des matières premières, le marché agricole a connu une année 2021 dynamique. En témoigne, notamment, la croissance de la production en valeur (+7,5 %). Poussé à la fois par le renchérissement des consommations intermédiaires et par l’augmentation des volumes, cet essor est particulièrement significatif s’agissant des céréales (+46,2 %).
Les ventes d’agroéquipements, pour leur part, enregistrent une croissance à deux chiffres. Pour illustration, le nombre des immatriculations de tracteurs neufs a progressé de +16 %, atteignant ainsi son plus haut niveau depuis 2013. L’une des conséquences est la belle performance des ventes de lubrifiants sur le marché des revendeurs agricoles.
Ce bilan positif ne doit pas occulter les difficultés auxquelles les constructeurs font face, à commencer par l’inflation des matières premières (+50 % en moyenne) et la pénurie des composants. En raison de ce dernier phénomène, les usines ne peuvent pas tourner à plein régime et les délais de livraison s’allongent…
Un contexte propice à la volatilité
Quelles sont les tendances pour la suite de l’année 2022 ? La grande majorité des industriels et des importateurs de matériel agricole affichent des carnets de commande pleins jusqu’à la fin du premier semestre. Ensuite, les incertitudes concernant la conjoncture mondiale et la fin de l’effet « plan de relance » pourraient se traduire par un ralentissement. Ce serait alors la fin d’un cycle haussier d’investissement qui dure depuis mi-2017.
En ce qui concerne les cours agricoles, le principal facteur de tension et de volatilité des prix est la guerre en Ukraine. En globalité, les deux pays opposés dans ce conflit comptent pour 16 % de la production mondiale de blé. L’Ukraine, à elle seule, représente 63 % des ventes de maïs en Europe. La crainte d’une perturbation des flux logistiques contribue à l’envol des cours, si bien que les records tombent sur les marchés européens des céréales.
Avec la reprise économique post-pandémie, les coûts de l’énergie suivaient déjà une trajectoire inflationniste. La Russie étant le principal fournisseur des pays de l’Union en matière de gaz naturel – près de 40 % des ressources –, la situation aux frontières de l’Europe alimente la hausse des coûts de production des agriculteurs. Et cela d’autant plus que le prix des engrais azotés est étroitement corrélé à celui du gaz naturel…
Des aides pour sécuriser les revenus agricoles
Si le contexte géopolitique pèse sur les perspectives, c’est aussi en raison de ses effets attendus sur le pouvoir d’achat des ménages, dont l’alimentation est un des postes de dépenses essentiels. À terme, l’activité des acteurs du marché de l’agriculture pourrait s’en trouver impactée.
Pour aider à sécuriser au maximum les revenus agricoles, le gouvernement a annoncé différentes mesures :
- Une remise de 15 centimes par litre appliquée au GNR (gazole non routier) sur quatre mois à partir du 1er avril,
- Un remboursement anticipé de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) 2021 et un acompte de 25 % sur la TICPE 2022, avec des versements au 1er mai,
- Une aide apportée aux entreprises agricoles et agroalimentaires subissant des hausses de factures de gaz et d’électricité de 40 %, représentant plus de 3% du chiffre d’affaires et associées à des pertes d’exploitation. La moitié de la hausse de leur facture énergétique sera alors prise en charge,
- Une enveloppe de 400 millions d’euros débloquée pour apporter une aide exceptionnelle aux éleveurs pendant quatre mois à compter du 15 mars,
- La prise en charge des cotisations sociales pour les exploitations en difficulté face aux hausses de charges pour 60 millions d’euros additionnels.
Sources :