COVID-19 : Analyse des conséquences et relance du secteur
Malgré de fortes perturbations en termes de demande et de logistique, la filière agricole française a globalement résisté au Covid-19. Constructeurs, concessions, fournisseurs et exploitants ont modifié chacun leurs pratiques pour permettre au mieux une continuité d’activité. Le marché reste néanmoins désorganisé avec de fortes disparités selon les secteurs. Après l’analyse des conséquences se pose aujourd’hui la question de la relance.
Continuité d’activité chez les acteurs du machinisme agricole
Les acteurs du machinisme se sont organisés pour fournir au mieux les exploitants au nom de la solidarité nationale. Malgré des arrêts de production pour la plupart (CLAAS, MASSEY, etc), les constructeurs d’agroéquipements ont maintenu leurs services clients et une activité minimale permettant la livraison des machines terminées et l’envoi de pièces aux concessionnaires. Les concessions ont également continué leurs activités de réparation et de ventes de pièces détachées en aménageant leurs pratiques sous la contrainte des consignes sanitaires de distanciation.
Néanmoins, la crise a fragilisé les acteurs et désorganisé le marché de la distribution d’équipements. Du fait des difficultés logistiques, certaines commandes ont été annulées lorsque les livraisons étaient retardées. Les délais de livraison plus importants ont également poussé les agriculteurs à reporter leurs révisions voire leurs réparations d’équipements, entraînant ainsi une surcharge chez les distributeurs à la sortie du confinement. De plus, l’incertitude quant à la reprise totale de l’activité refroidit les ambitions d’investissement des exploitants dans de nouveaux équipements. Constructeurs et concessions revoient à la baisse leurs prévisions. Certains constructeurs investissent malgré tout dans les nouvelles technologies afin de rendre les exploitations plus agiles, plus productives et plus souples face à des crises futures. Kubota en est l’exemple et a investi dans la start-up américaine FarmX, spécialisée dans les capteurs de donnée et l’intelligence artificielle.
Une relance attendue
Déclarée secteur prioritaire par le gouvernement, l’agriculture française s’est replacée au cœur des préoccupations citoyennes. En panne de main d’œuvre lors de la crise, 200 000 Français ont répondu à l’appel du Ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, pour aider les exploitants agricoles. L’agriculture française sort renforcée de cette crise alors qu’elle était sous la pression de l’opinion publique décriant certaines de ses pratiques et prônant une agriculture propre.
Néanmoins l’enjeu se porte aujourd’hui autour de la relance du secteur. Les difficultés se sont accumulées pendant la crise et la filière craint un défaut de trésorerie des exploitants agricoles : 71% des sondés parmi des coopératives et des négociants agricoles « estiment qu’après la crise la solidité des agriculteurs sera moins bonne » selon une étude menée par le journal Terre net. Alors que la Commission Européenne a récemment augmenté de 15 milliards d’euros le budget accordé à la PAC en faveur du développement rural dans le cadre du Green Deal européen, la France n’a pour le moment évoqué aucun plan global propre à l’agriculture, hormis pour la filière viticole.
L’exécutif s’active dans ce sens et aborde des mesures pour revaloriser l’agriculture française et tendre vers une souveraineté alimentaire. Un rapport a été présenté par le sénateur Dominique Chargé et vise en priorité la promotion du made in France et le renforcement des fonds propres des coopératives tandis que les Chambres d’agriculture proposent un plan d’investissement massif vers une modernisation des structures agricoles pour préparer au mieux les défis futurs du marché.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour parvenir à un consensus et soutenir le secteur.
Sources :